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Sur la rive du lac l'herbe est chaude et profonde
Et, sous les saules gris, sans bruit, un cygne blanc
Vogue sur l'eau d'azur majestueusement
Vers Léda, toute nue emmi* sa toison blonde.

Elle vient de sortir ruisselante de l'onde
Et son corps, tenaillé par l'amoureux tourment,
Frissonne de désir et se tend vers l'amant !
Déjà la volupté durcit sa gorge ronde !

D'un bond l'oiseau divin s'est élancé sur elle
Et, poussant un cri rauque, il la fouette de l'aile !
Entre les seins, le cou, souple et chaud, s'insinue,

Les palmes de corail griffent les cuisses douces
Qui s'ouvrent peu à peu, cédant sous les secousses !
...Et le cygne est vainqueur de sa chair éperdue !

 

                                                                            * au milieu de

 

Leda Rubens

Leda - Rubens (1601-1602)

 

© Pierre Alberty
in Le Jardin d'Eros (Éd. Le Dessus du Panier, 1928)