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Pierre Béarn

Pierre Béarn (1902 - 2004) eu la vie longue et mouvementée. Il est connu pour être le père du fameux slogan "métro-boulot-dodo", extrait de son recueil Couleurs d'Usine (1951), dont le vers exact est "Métro, boulot, bistro, mégots, dodo, zéro."

 

« Je suis né à Bucarest, en Roumanie, par la faute de ma mère qui s’ennuyait trop à Paris, où mon père l’avait abandonnée enceinte, après l’avoir séduite lorsqu’elle avait seize ans. Mon père était alors chef cuisinier du Premier Ministre roumain. […]. Il avait vingt ans de plus que ma mère. »
La famille s’installe à Paris un an après. Son père descend de gamme (baraque à frite, restaurant d’ouvriers) et dilapide l’argent aux courses, obligeant sa mère à travailler dur pour les nourrir.  « C’est sur la zone, au bas des fortifications de Paris que se transforma mon enfance de petit bourgeois en gosse du peuple qui doit lutter pour survivre. » Au contact des chiffonniers, lutteurs de foire… il apprend l’argot : « je me mis à écrire des poèmes dans cette langue, en déformant Victor Hugo que je venais de découvrir. » Il fait aussi la rencontre de Pierre Véry, futur auteur du roman Goupi mains rouges, rendu célèbre par le film de Jacques Becker (1943).

 

« Puis brusquement mon père se suicida, écoeuré par la guerre. Pour soutenir ma mère restée veuve avec trois enfants, je devins livreur de bière, apprenti mécanicien, ouvrier d’usine, vendeur à la sauvette, commis d’architecte dans les ruines du village de Bettencourt ; enfin sténodactylo. » Lorsque sa mère décède à son tour en 1921, il décide avec Véry de poursuivre un de leurs rêves « merveilleusement déraisonnable : aller vendre du vin aux Indes ! ». Mais, arrivés à Marseille, l’idée peine à se concrétiser et finalement il s'engage pour trois ans dans la Marine de guerre. » Il y passera son temps en secrétariat pour les officiers, voyages en Afrique et cours de boxe. En 1925, de retour à Paris, il vit de nombreux petits boulots dans la restauration et le secrétariat et en profite pour rédiger les pages gastronomies pour divers hebdomadaires. En 1929, toujours journaliste, il passe à la « critique d’art, n’y entendant pourtant rien. » et continue de vivoter de petits boulots annexes.

 

En 1933, avec l'aide de Pierre Véry, il devient bouquiniste: "le plus merveilleux métier du monde. » Dès lors seul les livres et l’écriture occuperont sa vie : il fait éditer lui-même ses recueils de poèmes, nouvelles, fables et des romans. En 1958, il partage une grande librairie avec José Corti, « l’éditeur des Surréalistes ». Puis, il crée la revue Passerelle (1969-1987), dont il sera l’unique rédacteur, afin de pouvoir s’éditer à sa guise, restant étiqueté « le libraire qui écrit » par le monde littéraire, qu’il ne cherche d'ailleurs pas à rejoindre. « Toute ma vie, je n’ai eu qu’un seul souci : être libre ! Cela aussi se paie. […] Orgueilleux orphelin, j’ai constaté très vite que je n’étais nulle part à ma place, nulle part heureux, sinon lorsque j’étais seul. Ce n’est pas une bonne politique pour réussir. Mais réussir à quoi, au bout du compte ? La réussite, c’est ce que l’on donne ; ce n’est pas ce que l’on reçoit. C’est aussi la synthèse de l’amour. » C'est en août 1991, lors des Rencontres Poétiques de Carnac, qu'il fait la connaissance de Brigitte Egger, traductrice et poétesse, qui deviendra sa femme et collaboratrice.

 

Sur la poésie, Béarn pense que « l’exercice poétique est essentiellement et nécessairement impudique. Le poète a l’oeil interne ; le romancier l’oeil externe. Le poète écrit avec son sang, non avec celui des autres. […] Je considère la poésie à la fois comme une arme et comme une femme.» Ses recueils de poèmes, plus particulièrement consacrés au domaine qui nous intéresse sont : Dialogue de mon Amour (1958) - Passantes (3 tomes : 1964, 1966, 1979) - Hymne à la Bête féminine (1976) - D’amour et d’eau claire (1983) et le tome III de ses oeuvres complètes : Arc-en-Ciel de ma Vie - Couleurs charnelles (Ed. Editinter, 2002). Il est également l’auteur d'une Anthologie commentée de l'érotisme dans la poésie féminine (1992).

 

Je n'ai eu pas encore eu l'occasion de lire ses recueils et ne donne donc à lire ici que quelques textes trouvés ça et là. Si vous connaissez d'autres érotiques de sa plume, n'hésitez pas à me les adresser.

 

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Ses textes

C’était l’époque où...
À la fin des faims (ça se chante)