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Cette femme du monde,
          Pâle et blonde,
Qu’on voit d’un pas pressé,
          L’œil baissé,
Filer sous les grands arbres
          Loin des marbres,
Héros, Amours, Bergers,
          Trop légers,
S’en va vers un coin sombre
          Voilé d’ombre,
Derrière les massifs
          De vieux ifs.
Sans manteau qui la drape
          Un Priape
Lascif dresse en ce lieu
          Son long pieu,
Que couronne d’acanthe
          La bacchante.
Par delà le nombril
          Son outil
Lui monte jusqu’au buste,
          Gros, robuste,
Par le chaud, par le froid,
          Toujours droit.
Sous l’acier qui paillette
          Sa voilette,
Le cachemire long
          Au talon,
Cette sainte Nitouche
          Qu’effarouche
Le moindre mot plaisant
          Non décent,
Chaque soir rend hommage
          À l’image
Que le gamin impur
          Trace au mur.
Sur le dieu de Lampsaque
           Elle braque
Son lorgnon et ses yeux
          Curieux,
Et d’un regard de chatte
          Délicate
Croque comme un oiseau
          Ce morceau.
Foin de ces dieux superbes,
          Mais imberbes,
Qui vous montrent un nu
          Si menu.
La plus chaste matrone,
          Dit Pétrone,
Toujours volontiers vit
          Un gros vit !
cité in Poésies libertines (Ed Curiosa, 1935)