Partager |

Devant toi l’Éléphant dressant en l’air sa trompe
De son phallus géant décalotte la peau ;
Le régiment qui passe agite son drapeau
Et le foutre jaillit comme par une pompe.

Tu n’as qu’à faire voir pour qu’un saint se corrompe
Ta gorge étincelante où tremble un oripeau ;
Des cardinaux romains sous son rouge chapeau
Le vit pontifical se raidit tant qu’il rompe.

Les nymphes de Rubens remuant le jambon
Livrent des reins moins blancs au flot qui les emperle
Que toi lorsque ton bain sur ton beau corps déferle.

Ton regard dans les cœurs tombe comme un charbon.
Près de toi je vivrais au fond d’une masure :
Il n’est pas de taudis que ton amour n’azure.

 

 

Note : ce poème est à rapprocher de son écrit pornographique la Lettre à la Présidente (1850).

La Présidente est Mme Sabatier, chanteuse lyrique dont Baudelaire fut également épris.

cité in Poésies libertines (Ed Curiosa, 1935)