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Ces petits Vits, desquels l'enfleure*
À peine garnit l'ouverture
Des Cons, voir des plus petits,
Sont haïs de nous autres filles,
Et les estimons inhabiles
À chatouiller nos apétits.

Ces petits Vits à la douzaine
Ne rendent la nature pleine
Et ne donnent jusqu'au bout !
Il semble que l'on vous farfouille
Ou d'un fêtu, ou d'une douille :
Il faut égalité partout !

Les nains, monstres de petitesse,
N'ont jamais garde d'être en presse ;
Il semble, à voir ces avortons,
D'une chétive créature
Qui se promène à l'aventure
Dans un grand palais, à tâtons.

Ils sont vagabons par la place :
Sans marquer ni chemin ni trace,
Les murs n'approchent nullement ;
Le plancher, sur leur chef se hausse ;
C'est une volupté sans sauce :
Le plaisir vient du fondement !

Je ne suis nullement avide
Du plaisir qui provient du vide,
Qui veut faire sortir du feu
Des cailloux, il faut qu'il les joigne :
Si le Vit ses paroies éloigne,
C'est un désagréable jeu.

Nous aimons les Vits, dont les rables
Bouchent tout à plein nos étables,
Mettant le nez en chaque coin,
Qu'ils avancent, et qu'ils reculent,
Qui s'allongent et qui s'acculent,
Maintenant près, maintenant loin.

Nos Cons sont Palais Magnifiques :
Il n'y faut d'étroites boutiques,
L'on y veut court et grand verger,
Salle, cabinet, et cuisine,
Chambre, et anti-chambre voisine :
Un petit train n'y peut loger !

* le gonflement

cité in Le Cabinet satyrique de Jean Fort (1618 - Rééd. Fleuret-Perceau, 1924, tome 1)