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Doux antre, où mon âme guidée
Met son désir audacieux,
Clos à mes mains, clos à mes yeux,
Et découvert à mon idée.

 

Tertre qu'un lis dore la bouche,

De qui le dessous enflammé
Ressemble un oeillet mi fermé,
Alors que le soleil se couche.

Brun séjour et secrête arcade,
Au fond de vermeil éclatant,
Et qui le marbre va imitant
Et le dessus d'une grenade.

Beau crêpe, qui dessus blondoie,
Le plus fin qu'on puisse trouver ;
Amour lui-même en fit le ver,
Et lui-même en fila la soie.

Toison d'or, d'amour enseignée,
Où mon désir est arrêté,
Ainsi qu'une mouche en été
Dans les filets d'une araignée.

Petit gazon fait d'une rose
Gros comme un coing en sa couleur,
Ne laisse pas sécher ta fleur
À faute qu'aucun ne l'arrose.

cité in Petite anthologie de la poésie érotique - établie par Thierry Leguay (Ed. Michalon, 2002, p. 77)