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Un jour Saluce*, oyant la messe,
Entendit une voix d'en haut
Qui chantait avec allégresse
VIT-A-SALUS, d'un ton fort haut.
La belle, surprise de joie,
Quoi ! dit-elle, le ciel m'envoie,
Connaissant ma nécessité,
Un vit que j'ai tant souhaité !
Ah ! Seigneur, la faveur est grande,
Je promets volontiers à ce bienheureux vit,
Puisqu'il vient de toi, mon con chaud pour offrande.
Mais ayant passé tout le soir
Vainement dans un fol espoir,
Un noir chagrin étouffant lors sa bile,
Elle reprit ainsi d'un ton plein de dépit :
Ah ! tout ce que tu dis n'est pas mot d'évangile.

* cet épigramme fut inspiré par un incident survenu à la Marquise de Saluce

- 1730 - in Oeuvres badines (Ed. Voluptopolis - 1804)