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Rosette, pour un peu d'absence
Votre cœur vous avez changé ;
Et moi, sachant cette inconstance,
Le mien autre part j'ai rangé.
Jamais plus beauté si légère
Sur moi tant de pouvoir n'aura.
Nous verrons, volage bergère,
Qui premier s'en repentira.

Tandis qu'en pleurs je me consume,
Maudissant cet éloignement,
Vous, qui n'aimez que par coutume,
Caressiez un nouvel amant
Jamais légère girouette
Au vent sitôt ne se vira
Nous verrons, bergère Rosette,
Qui premier s'en repentira.

Où sont tant de promesses saintes,
Tant de pleurs versés en partant ?
Est-il vrai que ces tristes plaintes
Sortissent d'un cœur inconstant ?
Dieux, que vous êtes mensongère,
Maudit soit qui plus vous croira
Nous verrons, volage bergère,
Qui premier s'en repentira.

Celui qui a gagné ma place
Ne peut vous aimer tant que moi,
Et celle que j'aime vous passe
De beauté, d'amour et de foi.
Gardez bien votre amitié neuve ;
La mienne plus ne variera :
Et puis nous verrons à l'épreuve
Qui premier s'en repentira.
cité in Choix de Chansons Galantes d'Autrefois, Paul Marion - 1911