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Lorsque mon front se baigne en tes souples cheveux
Comme aux flots d'une mer étincelante et noire,
Quand sur tes seins polis et durs mes doigts nerveux
Palpitent comme sur un beau clavier d'ivoire,

Quand de ton oeil farouche et tendre, - oeil de combat ! -
Me fascine l'éclair que la luxure avive,
Lorsque ta bouche en feu sur ma bouche s'abat,
Quand ma langue se tord sous ton âcre salive,

Quand tes bras tout-puissants s'ouvrent pour me presser
Sur ta gorge qui monte, éblouissante boule,
Où ma raison se noie, où ma tête se roule,

Quand ton genou me brise en l'énervant baiser,
Ou me fait haleter ta caresse suprême.
Tout est oubli pour moi ; Dieu, le Diable - et toi-même.
in Treize sonnets du doigt dedans (1885)