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fredillo nonne

 

Jésus, mon bien aimé, dans un nimbe d’opale
Et d’azur, m’apparaît dans le ciel radieux ;
Il s’avance vers moi, sa face auguste et pâle
Souris à mon sourire, et ses yeux à mes yeux.

Oh bonheur ! il approche et sa bouche divine
Distille entre mes dents le miel de son baiser ;
Il écrase mes seins nus contre sa poitrine
Je sens des bras serrer mes reins à les briser.

Dieu ! son corps à mon corps qui s’enflamme se mêle
Et se fond dans ma chair où passe un flot brûlant,
Et sa lèvre amoureuse aspire à la mamelle
L’ardente volupté qu’il verse dans mon flanc.

Oh  délire ! je sens ta brûlante rosée
Dans mon sein frémissant se répandre, ô seigneur !
Ô doux Jésus ! divin seigneur, je suis brisée
Et j’expire en tes bras d’amour et de bonheur.

C’est ainsi qu’au couvent rêve mainte nonnette
En se branlant d’un doigt léger dans sa couchette.

in Feuilles à l'envers recueillies par un Bourguignon salé (1894)