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Caro n’est pas très jolie
Et tu t’étonnes tout bas
Que sa bourse soit remplie
Quand Margot, Jeanne ou Julie
Ont nib de nib dans leur bas.

C’est avec - si j’ose dire –
Sa main qu’elle fait son pied
Et dégote au tire-tire
« Ces cinq doigts, c’est une lyre ! »
Le potache et le troupier !

Cette main t’économise
Tous les frais d’hôtel garni.
Tu la sens sous ta chemise,
Découvrir la chair promise
Et pincer la pie au nid

Elle entre dans ta braguette
Vive comme un écureuil ;
Change en bâton ta baguette ! …
Et nargue au sergot qui guette
Le banc qui vous loge à l’œil.

Cette main va, vient, te serre
Se relâche par instants,
Trotte, s’il est nécessaire
Et tu sens qu’elle est sincère
À des arrêts palpitants !

Car elle sait faire attendre,
Et prolonge le plaisir
Jusqu’au point où las de tendre,
Jailli en sa paume tendre
L’achèvement du désir ! …

C’est pourquoi Caro – Marquise !
Oh ! si votre main daignait ?...
- Jouira bientôt, l’exquise,
D’une fortune conquise
À la force du poignet.
© Louis Marsolleau
in Rubans et noeuds (1920)