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Magnifique et cruel, le Sultan chaque jour,
Enivré par le sang, les roses, les cinnames
Dans son caïque rouge, au rythme lent des rames,
Rêve, une fleur aux doigts, de massacre et d'amour.

Évoquant d'un beau corps la courbe et le contour,
Tandis que le désir en lui darde ses flammes,
Il vient dans le harem où s'épuissent ses femmes,
Qui gémissent tout bas d'attendre trop leur tour.

Lorsqu'il passe, superbe, avec le vil eunuque,
Un frisson les parcourt des orteils à la nuque :
Il va choisir sa favorite de la nuit !

Et l'une ayant saisi le mouchoir qui voltige,
Après ce bref instant d'espoir et de vertige
Le harem sans amour retombe à son ennui.
© Gabriel Volland
in L'amour Vainqueur (1921)