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Sonnet pour une belle nonnain

Fernand Fleuret

Sonnet pour une belle nonnain qui se disoit espouse du Christ et repoussoit un Cavalier

 

Tousjours : Jesus par-cy ; tousjours : Jesus par-là,
Jesus veut la vertu, la pudeur il réclame ;
Sans combler, ce pendant, le désir qu'il affame,
Jesus deffend cecy, Jesus deffend cela.

Sambregoy ! Je vous plains si vous estes sa femme
Car dans ceste Famille aucun ne bricola :
Fust-ce pas un Pigeon que l'Esprit racola
Pour foutre en lieu de luy dans le trou Nostre-Dame ?

Il faut, ce Jesus-là, le faire un peu Cocu :
Quoy ! souffrir qu'un tyran régisse vostre Cu ?
Qu'il le laisse béant, sans gloire et sans usage ?

Tenez, je le renie, ouy, je change de Foy,
J'honnore Cupidon du culletage,
Et vivent les Faux-Dieux qui bandent comme moy !

© Fernand Fleuret
in Le Carquois du Sieur Louvigné du Dézert Rouennois (1912)