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Demoiselles, qui pour nous plaire
Desservez l'amour mercenaire
En cent façons,
Prenez Déjazet pour modèle
Et si vous ne foutez comme elle
Retournez prendre des leçons.

Il n'est pose qu'elle ne sache,
En débauche elle a de Carrache
L'invention,
À se rétrécir elle excelle
Et joint aux airs d'une pucelle
La plus profonde instruction.

Sa main douce, blanche et petite,
Avec un art extrême excite
L'érection.
Son con, plus chaud qu'une fournaise,
Que rien n'éteint, que rien n'apaise,
Met les vits en combustion.

Sensible au plaisir qu'elle donne,
Celui qu'elle sent s'assaisonne
De pâmoison.
Qui la voit ne peut passer outre,
Qui la fout veut encor la foutre ;
Elle fait perdre la raison.

On va librement en elle
En bouche, en tetons, en aisselle,
Même en chignon.
Et plus fraîche qu'une novice
Elle n'eut jamais ni chaudepisse,
Ni vérole, ni champignon.

Dans son art cette fille habile,
Au théâtre ainsi qu'à la ville
Est en renom.
Chacun fout chez elle au grand large,
Jusqu'au pompier y décharge,
Car jamais elle n'a dit non.

Poursuis, indomptable héroïne !
Que toujours quelque bonne pine
Soit dans ton con.
Fous partout, jour et nuit ; qu'importe !
On ne fout plus quand on est morte,
Jusqu'au fond vide le flacon.

Mais non, que dis-je ? après ta vie
Tu sauras faire encore envie
Au noir Pluton.
L'on ne peut révoquer en doute
Qu'au fond du Tartare il te foute,
À la barbe du vieux Caton

Quand tu passeras l'onde noire
Nous inscrirons tous ta mémoire
Au Panthéon,
Prenant du foutre pour l'écrire ;
Nul, sans bander, ne pourra lire
Le nom charmant de Frétillon.

Nota : Pauline-Virginie Déjazet (1798-1875) est une actrice française célèbre par ses rôles de travesti masculin et de femme primesautière. Elle donna son nom au Théâtre Déjazet, qu'elle acquit en 1859.

1864 - cité in Le Parnasse satyrique du XIX è siècle (Tome I - Ed. Poulet-Malassis)