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 - À Clément Marot -
 
Sur les tétons, Marot, je pense comme vous :
C’est l’ornement, le trésor d’une belle.
À des tétons qui peut être rebelle ?
L’œil ne peut voir rien de plus doux.
Bienheureuse la main qui les tient à son aise !
Et plus heureuse encor la bouche qui les baise !
Hélas ! pourquoi gêner leur liberté ?
Nul ajustement ne les pare
Comme l’entière nudité.
Ce qu’il faut d’embonpoint, leur élasticité,
L’intervalle qui les sépare,
Ce poli du satin, cette aimable rondeur,
Du bouton incarnat de la rose naissante,
Ce bouton surpassant la forme et la couleur,
Ce transparent tissu de neige éblouissante,
Et l’azur qui dessous se divise et serpente.
Tout est vu, pressé, dévoré,
Le Beau Tetin, par vous gentiment célébré
Valait-il les tétons pour lesquels je soupire ?
Mon cher Marot, eh quoi ! ces tétons pleins d’appas
Ne vous font point revoler ici-bas !
J’en remettrais la gloire à votre lyre.
 
Ô de tous les tétons, tétons victorieux,
Chef-d’œuvre de l’amour, tétons… tétons des Dieux !
Faible mortel, renonce à chanter leur empire ;
Tout l’Olympe assemblé n’y pourrait pas suffire ;
Et, ce qui fait leur prix, ce qui fait mon bonheur,
Auprès de ces tétons je sens… je sens un cœur.

cité in Éloge du sein des femmes, Mercier de Compiègne (Éd. A. Barraud, 1873 - Chapitre II)